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Michel J. Cuny lit et commente Edmund S. Phelps, prix Nobel d'économie 2006
11 décembre 2011

29. Une des clés du succès : l'anticipation autoréalisante de profitabilité

    En face des demandeurs captifs, nous trouvons donc les offreurs-anticipateurs actifs et décideurs... Autrement dit, les entrepreneurs, ceux qui sont, au premier chef, intéressés à ce que l'équilibre recherché soit obtenu. Aussi l'inititative est-elle de leur côté ainsi que le souligne E.S. Phelps : "Chaque entreprise est confrontée au problème de décider quels biens produire, si elle produit quelque chose, et quelle quantité de chaque bien."

    Sur quelle base peut-elle appuyer sa décision? Réponse d'Edmund S. Phelps : "L'hypothèse classique suppose que les entreprises capitalistes tranchent de telles questions sur la base de la profitabilité anticipée : si le prix que l'entreprise anticipe être en mesure de pratiquer pour ce bien, une fois produit, est bas, alors les considérations de profitabilité sont là pour avertir cette entreprise de ne pas trop s'engager dans la production de ce bien ; à un prix plus élevé, l'entreprise sera disposée à produire davantage - jusqu'au point où il lui semble pouvoir atteindre le profit anticipé maximum. La réaction de l'offre de chaque entreprise au prix anticipé (et aux prix anticipés des autres biens) détermine donc la quantité mise en vente [...]." "Profitabilité" et puis "profit anticipé maximum", qu'est-ce à dire? Notre prix Nobel serait-il sur le point d'en revenir à l'économie classique, et aux fruits qu'elle a produits pour alimenter la pensée de Karl Marx? Mais refermons vite cette petite parenthèse....

    Comment et à quel moment reconnaître que le prix anticipé sur la base d'une "profitabilité anticipée" est ce fameux prix d'équilibre dont nous ne savons pas encore de quelle vertu on devrait le parer? Le professeur Phelps vient alors à notre rescousse : "On se souvient que prix d'équilibre signifie prix correctement anticipé. Quand les entreprises qui fournissent le marché se trouvent anticiper toutes le bon prix, c'est le prix d'équilibre ; quand elles se trompent toutes, elles (ou leurs anticipations de prix) ne sont pas en équilibre. Pour calculer ce prix d'équilibre, il faut se poser la question suivante : quelle est l'anticipation de prix qui, si elle était commune à toutes les entreprises fournisseuses, les inciterait à offrir une quantité du bien telle que le prix effectivement pratiqué sur le marché soit égal à ce prix anticipé?"

    Autrement dit, le prix d'équilibre est celui qui permet à la fiction de rejoindre la réalité. A moins que ce ne soit le contraire... En effet, et comme notre prix Nobel n'hésite pas à l'écrire, si l'anticipation correspond au prix d'équilibre : "Cette anticipation, et celle-là seule, se révélera donc être autoréalisante." Raisonnement qui rejoint le dérisoire : "Je vous l'avais bien dit" de toutes celles et ceux qui n'ont de cesse de venir bravement au secours de la victoire...

    Il ne faudrait cependant pas perdre de vue que le côté dérisoire de l'anticipation autoréalisante qui se traduit dans ce précipité improbable qu'on appelle le "prix d'équilibre" masque un côté bien plus important : celui qui se rattache à ce que nous avons appelé la "cause principale du déterminisme" qui donne au "choix rationnel" le moyen de faire du demandeur un captif, et qui concerne l'obtention du "montant de richesse" avec lequel ce demandeur se présente sur le marché des biens de consommation...

    Le "profit", si bien précédé de la "profitabilité anticipée" sur laquelle s'appuyent les anticipations éventuellement autoréalisantes des entrepreneurs, n'y serait-il pas un peu intéressé?

    C'est ce qu'E.S. Phelps ne semble pas très décidé à nous dire.

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